Au cœur même de la zone Omicron Delta du Quadrant Alpha, une planète de classe M ressemble fortement à la Terre, avec ses étendues verdoyantes et bucoliques. Vu d'orbite, ce monde est en effet très verdoyant, laissant penser qu'un véritable éden attend les voyageurs. Un saut à la surface a vite fait de le confirmer...

Les visiteurs découvrent d'abord une grande variété d'arbres et de buissons bordant une clairière, et de grands végétaux entourant un étang dont la surface limpide reflète toute la quiétude enchanteresse des lieux. Au-delà des aires boisées s'étend le désert avec ses beautés naturelles très contrastées.

D'intrigantes formations géologiques et d'éclatantes floraisons éphémères offrent aussi leurs sombres et singulières splendeurs.

Bref, tout cela paraît trop beau pour être vrai... Et ça l'est ! Il s'agit en réalité d'une planète artificielle, créée par des humanoïdes pour servir de « parc d'attractions ».

Loin sous la surface, un complexe industriel utilise un champ d'attraction fort sophistiqué. Cet équipement met en corrélation deux fonctions : celle de lire dans les pensées des visiteurs, et celle de fabriquer en quelques secondes l'application concrète desdites pensées. Le résultat est déposé dans les endroits appropriés, à la surface de la planète.

Des végétaux aux arbres, des objets aux personnes invoqués par l'esprit des visiteurs, tout est créé à partir d'un fin tissu multicellulaire servant en général à régénérer les blessures. Ces créations vont et viennent au gré des idées décousues des voyageurs eux-mêmes.

Le complexe souterrain est placé sous le contrôle d'un individu qui se désigne comme le « Responsable » de la planète (il a participé à sa création). Il accueille ses congénères en vacances, tout en gardant à l'oeil les étrangers susceptibles de faire escale là sans comprendre la véritable nature des lieux. Pour les non-initiés, cette planète parc d'attractions pourrait en effet se révéler aussi dangereuse que belle.

La construction en a été mûrement pensée. Alors que les sondes de vaisseaux aliens n'y voient rien de plus qu'un monde ordinaire de classe M et que les missions d'exploration n'y détectent que « luxe, calme et volupté », une sorte de champ magnétique caché absorbe graduellement l'énergie des astronefs en orbite afin d'augmenter sa production. C'est là l'unique signe d'activité insolite.

Dans un tel parc d'attractions, il suffit aux visiteurs de se représenter leurs plus chers désirs, ou de penser à des expériences nouvelles qui leur plairaient ou à d'anciennes qu'ils aimeraient revivre... « Bataille, peur, amour, triomphe... Tout ce que vous pouvez désirer se trouve réalisé », dit le Responsable.

En 2267, la brève visite d'un détachement de l'USS Enterprise NCC-1701 invoque des visions tout droit sorties d'Alice au pays des merveilles : Alice elle-même et le célèbre lapin blanc. Elles sont tirées des pensées d'un docteur Leonard McCoy sous le choc.

Hélas pour eux, les visiteurs de l'Enterprise n'ont d'abord pas la moindre idée de la raison d'être de la planète et de ses mécanismes. Leur séjour se révèle être tout sauf amusant. Tout ce dont ils sont certains, c'est que les objets et les gens créés par la planète sont des copies de leurs modèles d'origine.

Aussi agréable ou aussi dangereux cela soit-il... Le docteur McCoy subit même les coups d'une création sortie de l'esprit de Tonia Barrows. Par chance, la technologie remarquable du peuple du Responsable prouve toute sa valeur : le docteur gravement blessé est vite évacué pour bénéficier de ce qu'il qualifiera de « réparations proprement remarquables ».

Les créateurs de ce parc d'attractions se méfient un peu des étrangers, ne paraissant guère pressés de leur livrer trop d'informations sur leur culture ou sur leur admirable savoir technique. Ils craignent que les humains ne soient pas tout à fait prêts à comprendre une espèce aussi évoluée que la leur. En accord avec, semble-t-il, leur propre version de la Prime Directive, leur nom et l'identité de leur planète natale resteront donc tus.

En revanche, ils sont ravis d'ouvrir aux étrangers leurs aires de divertissement et le Responsable apparaît enfin, réalisant que le détachement de l'Enterprise est de plus en plus inquiet et mal à l'aise face à tout ce qui arrive. Il voudrait que les officiers de Starfleet savourent au contraire tout ce que la planète a à offrir : « En prenant de simples précautions, cette amusante planète pourrait, si vous le désirez, être une plate-forme pour recevoir vos permissionnaires... Si c'est votre intention. »

Les créateurs de ce monde croient en l'importance du divertissement, faisant écho au sentiment exprimé par le Capitaine Kirk : « Plus l'esprit est compliqué, plus il a besoin d'une grande simplicité dans ses jeux. »