Dans les tréfonds des bases de données astronomiques de l'USS Voyager NCC-74656 se trouvent des renseignements sur un monde que l'équipage désigne sous le nom de « planète Hell ».
Cette planète a été découverte par Voyager en 2372 dans le quadrant Delta, en orbite autour d'un soleil bleu. En tant que planète de classe M, elle devrait contenir les éléments nécessaires à la vie, mais un scannage réalisé en orbite basse ne révèle aucune végétation. Ceci est d'autant plus étrange eu égard à la composition chimique de ce monde, qui devrait posséder des plantes et d'autres éléments environnementaux susceptibles de permettre à Voyager de reconstituer ses stocks alimentaires.
L'atterrissage sur cette planète présente en outre un problème délicat: elle se trouve enveloppée de vapeurs trigémiques, et les perturbations électromagnétiques d'une puissance inhabituelle qui agitent son atmosphère empêchent la téléportation, hormis lors de brèves fenêtres de relative tranquillité, de sept minutes toutes les trente heures environ.
Il est possible de régler le téléporteur pour le rendre fonctionnel pendant l'activité électromagnétique réduite, mais la téléportation n'en resterait pas moins hasardeuse en raison du manque d'informations au sujet de la surface, les conditions atmosphériques entravant les tentatives de scannage.
Au cours des fenêtres atmosphériques, un appareil tel qu'une navette (de taille assez réduite pour atterrir sur un terrain rocheux) devrait pouvoir naviguer dans l'atmosphère et se poser sur la planète. Malheureusement, on s'aperçoit rapidement qu'une navette ne possède ni la masse, ni les systèmes de contrôle de vol nécessaires pour manoeuvrer dans les turbulences : le détachement qui a tenté l'aventure est fort chanceux de n'y pas laisser la vie.
Après l'atterrissage du spationef, l'équipe d'exploration découvre rapidement que la planète Hell est aussi inhospitalière que son nom le suggère. Les paysages de roche nue, nappés en permanence d'un brouillard bleuté, sont lugubres et on n'y détecte pas la moindre trace de vie animale ou végétale. Des cavernes naturelles s'ouvrent dans la roche, qui abritent la seule manifestation de vie : de longues herbes ligneuses dépourvues de fleurs ou de feuilles.
Les premiers scannages révèlent que ce monde de roche est froid et stérile. Il s'agit en réalité d'une planète dans son enfance, qui lutte pour devenir un monde habitable. Les éléments chimiques de l'atmosphère créent d'ores et déjà une riche soupe qui deviendra capable de soutenir toute vie susceptible d'y apparaître.
L'atmosphère recèle de fortes concentrations de vapeurs trigémiques, qui sont en fait des particules aérosols de protéines et d'acides aminés. Sans être forcément dangereuse en soi, l'exposition prolongée à ces vapeurs se traduit par des dépôts blancs qui brûlent et irritent la peau des humanoïdes comme le ferait de l'acide. Pour assurer une défense temporaire contre ces douloureuses attaques, il convient d'appliquer en permanence un enduit dermique osmotique sur les zones de peau exposées.
On se rend compte que la vie peut être entretenue non par la surface de la planète Hell mais par son atmosphère. Quoique potentiellement mortelle pour les êtres Humains, elle constitue un milieu idéal pour d'autres formes de vie.
Une espèce d'humanoïdes à caractère reptilien vivant dans l'espace se sert de cette planète comme d'une écloserie pour ses oeufs. Déposés dans les cavernes, loin du froid de la surface, les oeufs incubent et éclosent dans un monde exempt de prédateurs. Les petits reptiliens sont ensuite nourris par les riches substances chimiques de l'atmosphère, les vapeurs trigémiques, délétères pour les hommes, pourvoient à l'alimentation des jeunes reptiliens.
La planète inhabitée semble sûre pour ces petits, dont les parents (qui sont peut-être issus d'une planète du même genre à un stade ultérieur de son évolution) ne souhaitent sans doute pas qu'ils éclosent à bord d'un vaisseau spatial. L'atmosphère hostile rebute les éventuels intrus. Les minuscules reptiliens sont livrés à eux-mêmes pendant les premières heures de leur vie, puis leurs parents les récupèrent.
Si ce monde désolé est un havre pour ces petits aliens, pour l'équipage de Voyager, il sera toujours la planète Hell.