Kataan était l'une des six planètes d'un système du secteur Silarien dont l'étoile s'est muée en nova des siècles avant la constitution de la Fédération. La dernière trace officielle de vie sur Kataan remonte à mille ans. Ce monde présentait de superbes paysages désertiques, hérissés de petites montagnes. Du fait d'une grave sécheresse, la végétation y tait clairsemée. La flore inhabituelle qui soulignait les contours de la nature se raréfia jusqu'à disparaître complètement.
A l'image de la communauté de Ressik, dans la province du Nord, Kataan était une planète pacifique. Cette petite communauté résidait à flanc de coteau, dans une riante vallée bordée par des monts dominant le serpentin argenté d'un cours d'eau...
Si la majeure partie de la masse continentale de Kataan est restée à l'état sauvage en raison de la sécheresse et de la piètre qualité de la nature des composants du sol, les environs de Ressik en revanche étaient bien cultivés et entretenus par des villageois durs à la peine, accoutumés à un style de vie agraire rustique. A distance, Ressik rappelle les petits villages méditerranéens qui caractérisent les climats plus chauds de l'est, sur Terre. Les villas à toiture plate construites en pierre chaulée étaient particulièrement conçues pour repousser la chaleur écrasante du soleil.
Cette architecture de style désertique correspond très bien aux charmes simples de la communauté de Ressik. Les logis des villageois, proches les uns des autres, entourent une grande place. Cette aire centrale englobe des tonnelles brûlées de soleil.
Des escaliers de pierre, sur le côté des logis, conduisent aux balcons. Les fenêtres, petites et hautes, ne laissent pas entrer le soleil au plus fort de son rayonnement Autrement, les habitations rurales deviendraient des fournaises.
Ressik était une communauté paisible et prospère. Le jour, la place résonnait des jeux et des cris joyeux des enfants, faisant aussi office de forum pour les adultes, qui venaient volontiers s'y promener et bavarder entre deux tâches quotidiennes. Ils portaient des habits simples aux teintes naturelles, cousus à la main, des tuniques, des pantalons amples, de longues jupes et des robes de style kaftan. La technologie des habitants de Ressik semblait très limitée, surtout au vu de la simplicité de leur style de vie. Elle ne redevenait manifeste qu'avec les portes des villas à ouverture automatique via un panneau tactile central.
La nuit, la communauté était tranquille et paisible. Au contraire des grandes cités, son éclairage se réduisait à de petites lampes murales. Ainsi, la vue étoilée du firmament conservait toute sa clarté et sa beauté. L'intérieur des villas était aussi éclairé par de petites lampes murales ou disposées au plafond, des candélabres blancs apportant un surplus de luminosité dans les coins sombres.
La société de Kataan était remarquablement démocratique, sans divisions par classes sociales. Il n'y avait ni exclusion, ni exaltation de race, de rang, de sexe ou de religion. Les individus grandissaient dans des noyaux familiaux distincts, tout en ayant conscience d'appartenir à une communauté. Les villages prospéraient dans la fraternité et la coopération. Un gouvernement participatif administrait les collectivités. Un administrateur supervisait plusieurs agglomérations proches, et pour chaque communauté, un ou plusieurs chefs jouaient le rôle de porte-parole. Les citadins avaient parfaitement le droit d'exprimer leur opinion sur quelque sujet que ce soit.
En dépit d'une technologie avancée, les habitants de Kataan menaient une existence simple. Les hommes exerçaient une profession manuelle, les femmes assuraient les tâches domestiques et élevaient les enfants. Le seul moyen de communication intercommunal était un conducteur de transit vocal partagé.
Malgré la sécheresse, les habitants de Kataan furent résolus à survivre. Ils voyaient dans l'espoir la plus puissante des armes contre toute attaque, convaincus qu'ils étaient de pouvoir défier jusqu'à la nature pourvu qu’ils unissent leurs efforts et leurs talents. Témoignage téméraire de leur volonté de vivre, les citadins de Ressik plantèrent un jeune arbre sur la place du village, encourageant les autres communautés à s'inspirer de leur exemple.
Le peuple de Kataan réalisa finalement que la sécheresse gravissime affectant son monde était causée par des changements solaires, le soleil approchant en effet de sa fin. Confrontés au spectre de l'annihilation, les habitants de Kataan imaginèrent une façon originale de préserver au moins en partie leur culture. En l'an 1370, ils lancèrent une incroyable sonde contenant leurs archives historiques.
A la Date stellaire 45944.1, la sonde est finalement découverte par l'USS Enterprise NCC-1707-D. Elle scanne le vaisseau avant de se focaliser sur le Capitaine Jean-Luc Picard, qu'elle rend inconscient. Un rayon le relie à la sonde à la façon d'une longe, et si son corps reste à bord de l'Enterprise, le Capitaine revient à lui dans la peau d'un inconnu, sur Kataan...
Picard est accueilli par une certaine Eline, qui l'appelle Kamin, forgeron de son état et c'est de surcroît son époux depuis trois ans. Il ne se rappelle pas avoir vécu là, retenant au contraire toutes ses connaissances et tous ses souvenirs de Capitaine de vaisseau spatial, au XXIVe siècle.
Dans les années qui suivent, il cherche sans répit à s'extraire de cette situation difficile, avant de finir par se résigner à vivre sur Kataan.Devenu un époux dévoué et un bon père, il se joint à la lutte contre la sécheresse qui menace de plus en plus Kataan au fil des décennies.
L'histoire de l'harmonieuse communauté de Ressik touche à sa fin quand les administrateurs rendent publique la catastrophe annoncée, la planète succombant tout entière à la sécheresse galopante qu'engendre son soleil mourant. Alors que le désert avance, l'anaérobique bactérien disparaît du sol. La vie végétale s'étiole, et le village privé de tout en définitive prend un aspect spartiate et rude.
Néanmoins, les villageois luttent jusqu'à leur dernier souffle pour leur survie, préservant leur sens de la famille et de la communauté. C'est cette unité même qu'ils choisissent de conserver par dessus tout en confiant leur tragique destinée à la sonde qu'ils enverront dans l'espace avant que le soleil de Kataan n'explose en une supernova.
Jean-Luc Picard assiste au lancer de cette étonnante sonde en se demandant si sa mission sera ou non couronnée de succès. Sa défunte femme et son meilleur ami lui apparaissent alors pour affirmer que ce fut bien le cas… La sonde l'a effectivement trouvé au XXIVe siècle et, comme prévu, il a reçu les souvenirs de toute une vie sur Kataan... Ce sera maintenant à Picard de transmettre ses connaissances dès son retour dans sa propre société.
En revenant à lui sur la passerelle de commandement de l'USS Enterprise, le Capitaine constate qu'alors qu'il vient de vivre des décennies sur Kataan, vingt-cinq minutes seulement se sont écoulées à bord. A travers Picard et grâce à lui, Kataan et son peuple disparu ne tomberont pas dans l'oubli.
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