L'équipage de l'USS Voyager NCC-74656 est souvent obligé de faire preuve d'une grande ingéniosité dans le maniement des matériels à sa disposition, qu'il doit fréquemment adapter et modifier en vue d'usages différents de ceux pour lesquels ils ont été créés.
Ceci est vrai en particulier du HMU, (Hologramme Médical d'Urgence, dit aussi le « Docteur ») appelé à tirer parti de l'immense somme d'expériences intégrée dans ses programmes pour sauver des vies. Ce fait n'a jamais été autant mis en évidence que dans le futur parallèle entrevu par l'Ocampa Kes.
Dans ce futur, Kes entre, en 2379, dans le morilogium, ultime étape du cycle vital naturel des Ocampas. Elle manifeste alors des symptômes comparables à la sénilité chez les êtres Humains âgés.
Le HMU pense que s'il la plaçait dans un caisson biotemporel pour entourer son corps d'un champ biotemporel, ses cellules pourraient connaître un état de flux temporel ayant pour effet de les ramener à un stade de décomposition entropique nettement antérieur. Il espère que cette mesure radicale stoppera le processus de vieillissement et lui procurera jusqu'à une année de vie supplémentaire.
Le caisson biotemporel est l'un des plus gros appareils de l'infirmerie. Il s'agit en fait d'un biolit modifié. Vu de dessus, il se présente comme un coffre rectangulaire d'environ 2,50 m de long et de plus de 0,50 m de large. La partie « lit », sur laquelle le patient se tient couché, est surélevée d'environ 1,30 m par un socle, ce qui en facilite l'accès pour le patient comme pour le HMU. En cas de nécessité absolue, ce caisson peut éventuellement être déplacé.
Une fois allongé, le patient est recouvert du couvercle métallique bombé, gris et lisse, qui laisse dépasser les épaules, le cou et la tête. Ce couvercle est maintenu en place par deux bandes métalliques (prolongées par des systèmes d'attache) situées respectivement au niveau de la taille et des pieds du patient, qui scellent l'appareil de façon hermétique et empêchent les fuites en provenance des champs d'énergie engendrées dans le caisson. Il semble que le dispositif soit pourvu d'un système de bouclier, car nul champ de force n'est nécessaire pour protéger le personnel alentour lorsque l'appareil est en marche.
Derrière la tête du patient se dresse un petit écran de commande carré, par le biais duquel le Docteur lance et surveille les opérations. La manipulation des champs peut s'effectuer à partir de commandes placées à l'écart du caisson.
Lorsque l'appareil est en marche, une réduction significative de l'éclairage survient dans l'infirmerie, ce qui donne à penser que le fonctionnement du caisson consomme une grande quantité d'énergie. Sa mise en route s'accompagne d'un très léger bourdonnement électronique, dont la fréquence et le volume changent chaque fois qu'un champ est émis.
Une batterie d'émetteurs installée sur la face interne du couvercle baigne le patient d'une lueur jaune orangé lorsque la production de particules commence.
Malheureusement, le HMU n'a pas le temps de procéder à des essais approfondis (ce qui lui permettrait de pratiquer les adaptations nécessaires), car l'état de Kes se détériore rapidement. Il ne peut donc pas prévoir les extraordinaires effets secondaires que le champ biotemporel va engendrer.
Lorsque les cellules de Kes sont bombardées par le champ, des chronotons restés inactifs dans son organisme depuis l'attaque d'une torpille chronométrique Krenim, des années auparavant, se trouvent réactivés et ce alors même que tous les membres de l'équipage ont été vaccinés contre cette forme de radiation.
Kes est alors désynchronisée par rapport à ses compagnons, sa conscience est projetée dans le passé selon une succession de petits bonds temporels dont chacun l'éloigne davantage dumoment de l'activation du caisson. A chacune des périodes « visitées », elle occupe le corps qui était le sien alors, mais souvent ne conserve aucun souvenir de l'époque dans laquelle elle est plongée. Le seul indice de l'imminence d'un bond temporel est une brutale chute de sa température corporelle.
Dans le passé, Kes parvient à se faire aider par ses collègues, mais les champs de confinement de l'infirmerie ne peuvent empêcher les bonds temporels. Si le HMU ne trouve pas le moyen d'interrompre le processus rapidement, le risque est grand que Kes soit propulsée à une époque antérieure à sa naissance.
Finalement, l'Ocampa revient au moment où la torpille à l'origine des radiations frappe le vaisseau. Elle réussit à se procurer les données concernant la variance temporelle exacte de la torpille à chronotons qui a généré l'irradiation initiale. En recréant le caisson à cette époque et en y entrant les données recueillies, on peut produire l'exact opposé des chronotons.
Kes est saturée par ce champ antichronotonique, une fois le taux de chronotons ramené à zéro, les bonds temporels cessent. La conscience de Kes demeure dans le passé, ses seuls souvenirs du futur étant ceux qu'elle a accumulés au cours des soubresauts temporels. On ignore ce qu'il advient dans le futur où le caisson a été actionné pour la première fois.
Paradoxalement donc, c'est la technologie mise en oeuvre dans le caisson biotemporel qui règle le problème accidentellement créé par ce même caisson. Ce remarquable appareil, confortable et non invasif, aura en fait sauvé la vie de Kes.