Compte tenu de l'importance de la guerre dans la société Klingonne, constater que ce peuple belliqueux peut lui aussi avoir besoin de négociateurs de talent a de quoi surprendre. Au milieu du XXIIIe siècle, une ère d'expansion Klingonne intense et de conflit avec la Fédération Unie des Planètes, de tels négociateurs s'avèrent particulièrement utiles face à des civilisations encore neutres. Ils se chargent d'acquérir des droits d'exploitation et ouvrent la voie à de futures conquêtes.
En 2267 le Klingon Kras est envoyé sur la planète Capella IV afin d'obtenir les droits d'exploitation de la précieuse topaline. Et ce talentueux communicateur est à la hauteur de la mission : il entreprend de souligner les similitudes entre les cultures Capellane et Klingonne pour mieux les tourner à son avantage, mais il dissimule bien des détails aux Capellans, et cette duplicité signera sa perte.
Orateur doué et intelligent, maître de l'ironie, le volubile Kras a un visage expressif et s'exprime avec aisance. Il sait trouver les mots justes pour établir un terrain d'entente avec ses interlocuteurs et n'a pas peur d'argumenter. L’Empire Klingon n'aurait pas pu désigner de meilleur agent pour une telle mission.
Le Peuple de Capella IV réserve à Kras un accueil chaleureux. Aux yeux de cette culture guerrière, il est juste que seuls les forts survivent, normal de trouver son plaisir dans l'affrontement, et nécessaire de moins craindre la mort que le déshonneur Kras est prompt à tracer des parallèles entre ces préceptes et ceux de son peuple, et à en tirer avantage.
Le négociateur Klingon prend pied au milieu des Capellans en traitant avec Akaaç leur grand Teer. Il conclut aussi un accord secret avec Maab, un guerrier ambitieux qui aspire au pouvoir, et avec sa faction rebelle. Cela prouve assez sa duplicité.
Quand l'USS Enterprise NCC-1701 se présente sur la planète pour ouvrir des négociations au nom de la Fédération, Kras semble se faire une raison. Il est certain que la décision finale lui sera favorable et ne considère pas l'équipage de Starfleet comme une menace sérieuse.
Peu après l'arrivée de l'Enterprise, Maab dirige la révolte contre le Teer Akaar, provoquant sa mort. On ignore dans quelle mesure Kras influence Maab pour le pousser à attaquer à ce moment-là, mais Kras se montre satisfait du résultat. Ayant déjà pactisé avec le nouveau Chef, Maab, il est assuré d'obtenir les droits miniers au nom de l'Empire, étant donné la réputation d'honneur et d'honnêteté des Capellans.
Au début, les Capellans n'ont pas conscience de la fourberie de l'éloquent Kras. Celui-ci mise sur le fait qu'ils ignorent tout de la puissance technologique des Klingons et les laisse croire que leur force pourrait prévaloir en cas de conflit. Il confie volontiers son communicateur et son disrupteur aux Capellans, assuré de pouvoir compter sur la puissance de feu du croiseur de combat Klingon, en orbite autour de la planète.
Au fond, Kras est un couard. Il peut rester impavide lorsqu'un jeune agent de la sécurité de la Fédération le vise de son phaseur, mais il sait que son statut d'hôte de marque lui vaut la protection des Capellans. Plus tard, quand Maab dirige la révolte, Kras se garde bien de s'en mêler.
Privé de l'avantage d'un armement supérieur, il devient un guerrier des plus réticents... Il pénètre discrètement sous la tente du Teer pour reprendre ses armes confisquées, sans succès. Le Capitaine James T Kirk le surprend et le terrasse.
Témoins de la scène, les Capellans révisent leur jugement. Et le rapport de force s'inverse. Vainqueur manifeste de l'affrontement, Kirk propose de se mesurer au Klingon pour l'amusement des Capellans. Kras ne peut plus cacher son appréhension. Malgré toute sa belle rhétorique Klingonne, ses actes ne correspondent pas à l'esprit guerrier si prisé par les Capellans.
Kras a néanmoins assez d'à-propos pour regagner du terrain en en appelant au sens de l'honneur des Capellans et en évoquant l'accord initialement conclu, mais ceux-ci se sont mis à le regarder sous un autre jour, nettement moins favorable. Plus que jamais, le Klingon regrette les armes qui lui permettraient d'établir sa supériorité.
Il saisit sa chance en se lançant avec les Capellans aux trousses des officiers de Starfleet. Les fuyards ont entraîné Eleen, la jeune veuve du défunt Yeer, afin de la sauver de la peine capitale. Durant la traque, Kras vole un phaseur sur le cadavre d'un homme tué lors d'une embuscade.
Ironie du sort, c'est sa confiance dans la technologie qui mène le Klingon à sa perte. Blessé par une arme artisanale, il ne s'inquiète pas. Armé du phaseur volé, il vise Maab. Refusant de croire Eleen, qui affirme que les représentants de la Fédération sont morts, il insiste pour en avoir la preuve et prétend contraindre les Capellans à lui obéir. Phaseur au poing, il se croit maître de la situation.
Tous discours diplomatiques oubliés, Kras écrase les Capellans de son mépris. Il devient clair qu'il les considère comme des êtres primitifs inférieurs, tout juste bons à être exploités.
Il oublie que les Capellans sont exactement le genre de guerriers qu'il n'est pas. Quand Maab, bras levés, semble sur le point d'attaquer, Kras n'a aucun scrupule à abattre son ancien allié sans voir qu'un autre danger le guette. Keel lui lance alors son kligat en plein cœur.
La mort de Kras élimine toute possibilité pour les Klingons d'obtenir les droits d'exploitation de la planète, et encore moins d'y implanter un avant-poste. Les Klingons considérant l'échec d'un très mauvais œil, il est peut-être aussi bien pour Kras d'avoir péri en accomplissant sa mission
Apparition :