Aux yeux du Professeur Richard Galen, l'archéologie représente l'ultime quête de vérité. Certains voient en lui le meilleur archéologue du XXIVe siècle. Parmi les nombreuses cultures qu'il a étudiées au cours de sa vie, citons les Yash-El, les Satarrans de Sothis III et la culture Kurlanne.
Soixantenaire raffiné, avec une nette tendance à s'emporter facilement, Richard Galen s'est piqué d'un vif intérêt pour l'étude des fossiles conservés à l'échelle microscopique. Il a rédigé un certain nombre d'articles sur le sujet, puis s'est brusquement arrêté.
Au cours de la décennie allant de 2359 à 2369, ses écrits connaissent des publications sporadiques, et il se présente rarement aux symposiums. Il en annule certains à la dernière minute.
La raison de ce comportement étrange est une découverte majeure. Vivant virtuellement reclus, l'archéologue travaille à un puzzle qui s'étend à la Galaxie entière et cette percée pourrait se comparer à la découverte par Schlieman de la ville perdue de Troie.
Tout en réunissant les brins d'acide désoxyribonucléique de diverses formes de vie disséminées dans différents mondes, le Professeur remarque un lien entre eux au niveau moléculaire. Mesurant peu à peu les implications majeures et potentiellement dangereuses de cette découverte, il garde secrètes ses conclusions, collectant de nouveaux fragments au gré de ses déplacements galactiques. Ces fragments contiennent un message antérieur à l'apparition de la vie sur Terre de quatre milliards d'années plus vieux peut-être...
Le dernier voyage de Richard Galen pourra se prolonger de trois mois à un an, le professeur comptant sur sa petite navette, les quelques facilités à solliciter des transporteurs et ses propres talents. Puis il décide d'obtenir de l'aide.
Il concède qu'il n'est plus un jeune homme et, anticipant un périple périlleux, retrouve la trace de son étudiant le plus prometteur en la personne de Jean-Luc Picard.
Il n'a plus revu le Capitaine de l'USS Enterprise-D depuis plus de trente ans, mais tous deux ont gardé des contacts épistolaires. Son ancien étudiant a préféré Starfleet à l'archéologie, mais il considère néanmoins Jean-Luc Picard comme son fils spirituel.
Le Professeur Galen a ses propres enfants, qui n'ont pas marché sur ses pas. Quand Picard, son plus brillant élève, s'est à son tour détourné de la discipline, il y a quelques années, le coup fut rude pour le Professeur, qui l'avait mal accepté. Il croyait sincèrement que les prouesses du jeune Picard pourraient un jour lui attirer une gloire supérieure à la sienne.
Après une incursion dans le système stellaire qui était encore inexploré de Ruah IV, Galen met le cap sur la nébuleuse Volterra à bord de sa navette, où l'USS Enterprise NCC-1701-D procède à une analyse de routine des protoétoiles.
Le Professeur contacte alors le Premier Officier du bâtiment, le Cder William T. Riker, et demande la permission de monter à bord pour faire une surprise à son ancien étudiant. Il apporte un naiskos kurlan, un artefact rarissime et pour ainsi dire inestimable de la troisième dynastie de la planète Kurl.
Galen donne ce trésor à Picard avec l'espoir que les petites figurines insérées dans le naiskos (et qui représentent la communauté vivant en chaque individu) lui rappelleront la voix la plus persistante en lui : celle de son amour pour le passé.
Le Professeur Galen n'en doute pas, Jean-Luc Picard renoncera enfin à sa carrière au sein de Starfleet. Mais quand le Capitaine refuse de répondre à ses attentes, Galen perd son calme. Il estime qu'il lui a déjà offert par le passé la chance de devenir l'un des tout meilleurs archéologues de sa génération.
Au lieu de quoi, Jean-Luc a tourné le dos à une existence entière de découvertes palpitantes. Sous l'empire de la colère, Galen quitte l'Enterprise deux jours plus tôt que prévu pour se rendre sur Indri VIII où il prélèvera un autre brin d'ADN.
Hélas, la mort l'en empêchera, sa navette essuyant en chemin l'attaque fatale d'un vaisseau Yridien. L'USS Enterprise-D intervient, mais Richard Galen expire, mortellement blessé par un disrupteur.
L'équipage découvre ensuite que Galen avait protégé ses fichiers dans la base de données informatiques de la navette. Dix-neuf groupes de chiffres en seront extraits. Ces groupes sont des représentations mathématiques des fragments ADN de dix-neuf formes de vie distinctes, fragments chimiquement compatibles, qui forment un algorithme, un codage au niveau moléculaire... Galen savait que les fragments d'ADN qu'il avait mis des années à réunir constituaient une sorte de message, mais il ignorait comment le déchiffrer.
A l'insu du Professeur, les Klingons, les Cardassiens et les Romuliens ont conscience de sa quête et tentent de trouver la réponse par leurs propres moyens, les uns comme les autres étant d'avis que les brins d'ADN recèlent le secret d'une arme ancienne ou d'une source de puissance inimaginable.
La perte tragique de son mentor donne à Jean-Luc Picard l'impulsion qu'un simple artefact ou même une querelle n'aurait pu lui insuffler.
Indigné par le gâchis de la mort du Professeur, Picard résout le mystère des fragments d'ADN et révèle le message de paix délivré par une espèce qui affirme avoir disséminé son codage génétique dans toute la Galaxie, reliant ainsi de nombreuses autres espèces entre elles. Le Professeur Richard Galen aurait pour sa part beaucoup apprécié une telle révélation. Ce sera un tribut mérité à sa mémoire.