La communication entre deux formes de vie très différentes demeure l'une des plus grandes barrières du XXIVe siècle. Le nuage d'énergie, qui traverse le système stellaire de Bêta Renner, dans le Quadrant Alpha, trouve l'expérience d'un premier contact avec les êtres humains (en l'occurrence l'équipage de l'USS Enterprise NCC-1701-D en 2364) effrayante, libératrice et, en dernière analyse, vivifiante.
Au premier abord, l'entité d'énergie pure semble informe, sorte de volute brumeuse tourbillonnant dans l'espace. Rose, pourpre, bleue, elle vibre comme un nuage d'orage, débordante de vitalité. A l'intérieur, l'énergie crépite à la façon d'éclairs. Chaque gerbe d'étincelles semble figurer une forme de vie individuelle, leur ensemble constituant l'entité. Celle-ci parle d'ailleurs d'elle-même au pluriel.
Le nuage a la capacité de traverser l'espace à vitesse de distorsion, même s'il donne l'impression de glisser lentement, de dériver... Il n'existe pas de précédent au phénomène dans les archives de Starfleet, ce qui donnerait à penser qu'il s'agit d'une créature unique. Elle se compose d'énergie pure, en fluctuation constante. Les senseurs de bord n'enregistrent pas de corps solide, et les objets peuvent traverser le nuage sans obstruction. Néanmoins, il s'agit bien d'un organisme capable d'appréhender des concepts fondamentaux.
Mais il lui manque l'aptitude à communiquer avec les formes de vie à base de carbone, qui ont essaimé dans la Galaxie. De façon inattendue, une occasion se présente pourtant quand 1'Enterprise frôle le phénomène au cours de scannages à faible portée dans le système de Bêta Renner.
Le vaisseau de Class Galaxy s'éloigne avec une partie du nuage vivant, piégé par les circuits de bord. La créature trouve l'expérience terrifiante, comme la trouverait à sa place tout être sensible soudain arraché à son environnement.
Par la suite, elle comparera l'Enterprise à une gigantesque griffe l'enlevant brutalement à son milieu.
L'entité se manifeste aux abords du vaisseau sous forme de crépitements bleutés. Des systèmes de bord, elle remonte vers la salle de contrôle des senseurs et repère aussitôt un hôte chez qui se réfugier : l'Officier Klingon Worf. Elle identifie chez les membres d'équipage des êtres doués de sensibilité et lance un appel au secours, mais ils sont dans l'impossibilité de le capter.
La conscience du nuage volant désespérément d'individu en individu, tous ses essais de communication se révèlent vains. Il voyage par le toucher. Les réactions varient : dans certains cas, les victimes tressaillent, comme sous l'effet d'un choc électrique, et perdent conscience. Dans d'autres, la transition s'accompagne uniquement d'une légère pause et d'une désorientation passagère. Dans tous les cas, des étincelles bleues résiduelles crépitent aux points de contact.
L'être d'énergie cause la mort d'un hôte potentiel, l'assistant de l'Ingénieur en Chef Singh. Le nuage le regrette profondément : voler une vie n'était pas dans ses intentions, mais tous ses actes tendent vers un seul but, retourner chez lui. Il utilise ses hôtes pour explorer le vaisseau et tente d'accéder à la navigation par une des stations scientifiques de la passerelle.
Le fragment nuageux découvre un refuge très simple mais bienvenu : l'intelligence artificielle des ordinateurs de bord. Par ce biais, il acquiert assez d'influence pour ralentir le vaisseau qui l'entraîne loin de chez lui. En dehors des propulseurs de distorsion, d'autres systèmes clés tombent aussi en panne, dont celui des téléporteurs et de la radio subspatiale.
La présence d'une influence intangible est envisagée par les Officiers de l'Enterprise lorsque la cascade de défaillances des systèmes ne s'avère pas due à des sabotages externes.
L'être d'énergie trouve enfin un chemin vers sa destination, le Capitaine Jean-Luc Picard, via le panneau de commandes de la station de pilotage.Ce procédé lui permet d'ordonner à l'Enterprise de revenir dans le système de Bêta Renner, même si les doutes de l'équipage de la passerelle augmentent.
Le nuage noue ainsi ses premiers liens authentiques avec un être humain. Il trouve chez Picard des affinités qui recoupent ses propres intérêts, telle la passion de l'exploration et de l'inconnu.
La communication qui s'établit entre eux permet à la créature d'en apprendre davantage sur le Capitaine comme sur le genre humain, cependant que Picard découvre aussi de nombreuses choses sur elle. Selon l'entité elle-même, Picard est très tenté par une offre des plus insolites : se téléporter directement dans le nuage de Bêta Renner comme formes de vie fusionnelles en atteignant leur destination...
La perspective de voyager où que ce soit en tant qu'énergie pure, affranchie de toutes contingences prosaïques, semble un moyen idéal d'accomplir des espoirs et des rêves communs, du moins, la créature l'affirme-t-elle. Selon toute probabilité, Jean-Luc Picard se montre effectivement intéressé par une telle expérience, mais il reste tout à fait improbable qu'il en ait vraiment le choix.
La créature quitte la passerelle de l'Enterprise et rebrousse chemin dans une décharge d'énergie spectaculaire. Picard se téléporte avec elle dans le nuage, mais la théorie selon laquelle il survivrait à pareille expérience se révèle fausse dans la pratique.
Pourtant, contre toute attente, le Capitaine en réchappe et réapparaît à bord de l'Enterprise comme il en était parti. Il traverse les senseurs de bord et les circuits, et se rematérialise via le téléporteur.
L'être d'énergie réintègre sa « famille », plus riche de son contact avec les êtres humains. Il les comprend désormais un peu mieux que d'autres espèces. Incapable de réaliser son souhait, fonctionner en tant qu'entité fusionnelle, il conclut néanmoins que son premier contact avec l'humanité est à rapprocher d'une communication étonnante entre deux espèces diamétralement opposées.
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