En 2293, la lune Klingonne Praxis, où est implanté le plus important centre de production d'énergie de l'Empire Klingon, est dévastée par une explosion gigantesque. L'onde de choc et les retombées affectent l'atmosphère de la planète-mère, Qo'noS, menacée de devenir inhabitable dans les cinquante années à venir.
Le Haut Conseil Klingon et l'ensemble de l'Empire se tournent alors vers leur Chef, le Chancelier Gorkon. Deux options s'offrent à lui : une réaction militaire, qui verrait les guerriers de cette grande puissance galactique achever glorieusement leur existence au combat, ou une résolution pacifique qui permettrait à l'Empire de survivre. Gorkon choisit la voie de la paix.
Réceptif au dialogue ouvert par l'envoyé spécial de la Fédération Spock, il propose d'entamer sur le champ des négociations en vue du démantèlement de la zone neutre qui sépare les deux États depuis près de soixante-dix ans. Il accepte même de se rendre sur Terre.
Cette initiative progressiste est caractéristique de Gorkon, inhabituellement diplomate et civilisé pour un Klingon. Ce serait insulter ce grand guerrier que de le qualifier d'homme de paix, mais il est sans aucun doute un visionnaire, qui envisage l'avenir de son peuple et perçoit la sagesse qui a conduit le légendaire Kahless à déclarer : « Mettre fin à une bataille pour sauver un Empire n'est pas une défaite. »
Son courage est au-delà de tout soupçon : pour accéder à la tête de l'Empire, il a dû faire maintes fois ses preuves à la bataille et se gagner le respect des siens. Son autorité est immense, un simple coup de sa canne suffit à rappeler à l'ordre ceux qui l'entourent.
Le Chancelier Gorkon est un personnage imposant, de haute stature, aux traits impassibles et à la barbe grisonnante. Son splendide uniforme est une version plus ornementée de la tenue Klingonne habituelle, comme il sied à son rang. Il arbore au cou un lourd médaillon qui symbolise sa fonction, et sa précieuse canne en ivoire est là bien plus pour rappeler son statut que comme un quelconque soutien.
Comme l'on peut s'y attendre d'un Chancelier Klingon, Gorkon se déplace à bord du vaisseau Amiral de la Force de Défense Klingonne, le Croiseur de combat Kronos I. Son entourage comprend sa fille Azetbur, que visiblement il adore, son conseiller militaire, le Général de brigade Kerla, ainsi que son Chef d'état-major, le Général Chang. Gorkon fait pleinement confiance à ses Conseillers, avec qui il aime prendre un verre et converser à bord de son vaisseau. Il se repose plus particulièrement sur Chang.
Chaque fois qu'il quitte son navire, Gorkon se fait accompagner de deux gardes du corps, tel est notamment le cas lors d'un banquet organisé à bord de l'USS Enterprise NCC-1701-A. En cette occasion, le Chancelier, qui connaît parfaitement les mœurs sociales de la Terre, se montre beaucoup moins maladroit et emprunté que sa suite, en ce qui concerne par exemple l'usage des couverts ou des serviettes de table.
Il porte même un toast à cette « terre inconnue » qu'est l'avenir. En empruntant cette expression au Hamlet de Shakespeare (quoique dans une signification quelque peu transformée), il témoigne de sa familiarité avec l'un des plus grands dramaturges de l'histoire de la Terre, même s'il prétend, en guise de plaisanterie sans doute, que cette pièce fut à l'origine écrite en Klingon.
La détermination est l'un des traits majeurs de la personnalité de Gorkon. Lorsqu'il perçoit l'hostilité de James T. Kirk et se rend compte que leur première rencontre ne se passe pas très bien, il se rapproche du Capitaine en s'adressant à lui avec une intensité contenue, pour tenter d'établir des liens d'amitié et sa sincérité sera ressentie.
Gorkon possède le don de l'observation qui lui apprend beaucoup. En regardant ceux qui l'entourent, il saisit leurs interactions, ce qu'ils ont en commun et ce qui les divise. Il sait que si la paix doit s'installer, la génération actuelle qui a connu des années de guerre, devra consentir de rudes efforts.
Gorkon n'est pas naïf, ni rêveur, ni romantique. Il sait qu'il a des ennemis jusque dans son propre camp. Les éléments les plus conservateurs du Haut Conseil souhaitent que l'idée même de paix soit réduite à néant. Sa propre fille, Azetbur exprime son dédain pour le club réservé aux homo-sapiens que serait la FUP.
Dans l'autre camp, le Capitaine James Kirk est l'un des plus farouches partisans d'une politique visant à mettre à genoux l'Empire Klingon. Persuadé que les Klingons ne sont que des bêtes, il ne leur a jamais pardonné le meurtre de son fils, David Marcus sur la planète Génésis. Il semble pourtant conquis par la sincérité et la franchise de Gorkon. Le Chancelier comprend qu'il faudra bien du temps et des efforts pour établir la confiance, mais il se montre prêt à persévérer au nom de la cause de la paix.
La vision qu'a Gorkon d'un monde meilleur est tout près de se fracasser sous les coups d'un complot ourdi par des officiers des deux camps. Kronos I essuie des tirs tuant plusieurs membres de son équipage. Gorkon est pris pour cible par deux individus, mais sa robuste constitution lui permet de survivre un peu plus longtemps au tir de phaseur que les autres guerriers Klingons. Ses derniers mots, qu'il adresse au Capitaine Kirk, sont une exhortation à ne pas laisser les choses s'achever ainsi.
Ses voeux seront exaucés grâce au courage manifesté par sa fille Azetbur dans la poursuite de son œuvre. Les accords pour lesquels le Chancelier Gorkon s'est battu, finalement conclus sur la planète Khitomer, ouvrent la voie à huit décennies de coopération. C'est là le plus grand legs dont aurait pu rêver le visionnaire que fut Gorkon.